Antikvariat

" C’est seulement à mon retour de résidence à Prague, que j’ai pris connaissance du contenu de ces documents que j’avais utilisés. J’ai réalisé qu’ils avaient tous une connotation politique ou historique que j’ignorais. Il était intéressant de constater comment ces contenus avaient pu transparaître dans mon travail "

«…Mon envie très forte de retourner à Prague pour la quatrième fois était surtout motivée par un choc visuel que j’avais vécu en entrant pour la première fois dans un Antikvariat (Librairie de livres d’occasion), que l’on trouve en grand nombre à Prague. J’avais été frappée par l’importance, l’omniprésence, des arts graphiques, par la recherche du beau sur une simple couverture de roman ou de disques 33 tours (de 1940 à 1980) et j’étais étonnée que tous ces livres soient si bon marché ! J’avais commencé à en collecter il y a quatre ans, lors de mon premier voyage à Prague.

C’est tout de suite devenu une évidence, que tous ces livres que j’allais collecter allaient devenir « ma matière première », pour « construire » mon travail.

J’y ai découvert l’importance des arts graphiques dans l’histoire tchèque. Du Rondocubisme au collage dadaïste et au photomontage, les couvertures des romans publiés à Prague se sont fait l’écho des grands mouvements qui ont marqué l’histoire de l’art du XXe siècle.

J’ai donc passé beaucoup de temps dans ces Antikvariat, à Prague, Ollomoucs, Tabor, et Kudna Hora ; j’y ai acheté des livres, gravures, photographies qui m’ont servi en grande partie à alimenter mes recherches et mon travail.

C’est la première fois que ma « matière première » provenait de sources différentes et pouvait aussi être en couleur. J’y ai extrait des formes extrêmement simples, souvent infimes : un rond, des cercles, des traits, des carrés, etc. A partir de ces formes, j’ai appliqué ma méthode, un travail de déconstruction et de reconstruction. Comme pour chacun de mes travaux, pour me souvenir d’où je suis partie, j’ai fait l’historique de toutes ces nouvelles formes, en relatant leur mutation dans un journal que j’appelle ici «mon herbier».

Texte de retour de résidence (extraits). Résidence Prague 2019, en partenariat avec le Centre Européen d’Action Artistique Contemporaine (CEAAC), la Meetfactory et l’Institut Français de Prague.


1. Lézardes, 2019,
Technique mixte-collage, 42 x 30 cm, Meetfactory Prague. Collection particulière.

2. Zahrada, 2019,
Technique mixte-collage, 42 x 30 cm, Meetfactory Prague. Collection particulière.


3. Sélection de livres achetés dans les Antikvariat de Prague lors de ma résidence en 2019.
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4 – 5 – 6 – 7. Antikvariat Laboratory,
Recherches graphiques à partir de documents achetés à Prague dans des Antikvariat, Prague 2019. Exposition Zahrada, CEAAC, Strasbourg 2021.

5 – 6.

«…A cette époque, quand je pressais des livres dans ma presse mécanique, quand, dans un cliquetis de ferraille, je les écrabouillais par une force de vingts atmosphères, j’entendais des bruits d’ossements humains, comme si je broyais à la moulinette les crânes et les os des classiques écrasés dans ma presse, comme s’il s’agissait des phrases du Talmud : Nous sommes semblables à des olives, ce n’est qu’une fois pressés que nous donnons le meilleur de nous même».

Une trop bruyante solitude, Bohumil Hrabal (1914-1997). Avec Une trop bruyante solitude, Bohumil Hrabal imagine un homme chargé de pilonner des livres, et qui se prend de passion pour le savoir.

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8 – 9 – 11. Antikvariat Laboratory, recherches graphiques à partir de documents achetés à Prague dans des Antikvariat, Prague 2019. Exposition Zahrada, CEAAC, Strasbourg 2021. (Photos Sarah Dinckel, CEAAC).

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9.

10. Zahrada, Meetfactory Prague 2019. Livre Leporello, 203 x 30 cm. (Photo du livre plié). Le livre est accompagné de son « historique », livret racontant sa construction, de 6 collages préparatoires (Technique mixte-collage, 28,5 x 41 cm) et des livres et documents ayant servis à sa construction.
11.