La Mode Illustrée

" Ce n’est pas tant de travailler une œuvre dans son ensemble qui m’intéresse,
mais d’en prendre juste un fragment et de l’étudier jusqu’à l’épuisement "

J’ai toujours eu cette obsession d’assembler les images, de les additionner, de voir comment elles fonctionnaient l’une avec l’autre. Associer des images anciennes, des gravures avec une technologie moderne, un logiciel de traitement d’images qui se substituerait à un microscope pour faire ce travail d’assemblage et de construction est très vite devenu une évidence.

Ces recherches sur l’épuisement d’une forme, la disparition d’une image, je les ai commencées en 2012, en partant de ma collection de journaux de La Mode Illustrée (1860-1937). C’est aussi avec ces recherches que j’ai repris mon travail d’artiste plasticienne, dix ans après mon diplôme aux Beaux Arts de Mulhouse (HEAR).

Dans ces journaux, j’avais été frappée par les planches « techniques » qui montraient presque en relief, comme des sculptures modernes, des trousseaux pour enfants, brassières, manteaux de bains, corsages, bavettes, bonnets. Leurs formes étaient étonnamment simples, très modernes, en totale opposition avec les tenues très élaborées et chargées des premières pages représentant des robes à crinolines.

Les premiers assemblages que j’ai réalisés étaient assez simples. Les gravures extraites de ces journaux je les ai à peine transformées, je les trouvais assez fortes ainsi. Je les ai juste associées.

Puis très vite, j’ai compliqué l’exercice, en le faisant évoluer. J’ai vu que je pouvais aller plus loin dans l’utilisation de ces images et dans leur transformation. J’en ai pris seulement des extraits, d’une manche, de tournure, de dentelle, le bas d’un costume, d’un éventail… comme une simple matière première, un morceau de terre.

Ces extraits je les ai mis en miroir, multipliés, croisés avec d’autres, tout en travaillant les couleurs par couches successives. J’ai réinventé de nouvelles formes à partir de ces images initiales. Je les ai épuisées jusqu’à les faire complètement disparaître. Les motifs de base n’étant plus identifiables, reconnaissables dans le dessin final. Ces premières recherches ont donné lieu à de grandes planches imprimées (41,5 x 58,5 cm), planches que j’ai voulu à leur tour réinterroger à travers le volume et le format du livre.

À partir de ces recherches faites à partir des journaux de La Mode illustrée, j’ai construit huit livres en volume. Chaque livre est accompagné de son « Historique », livret racontant sa construction à partir des journaux de La Mode Illustrée.


1. La Mode illustrée, sous-titrée Journal de la famille, est une revue hebdomadaire des éditions Firmin-Didot (1860-1937).

2. Historique, 2016. (Cahier décrivant les différentes étapes de construction de l’un des motifs du livre Métafolium).

3. Pièce montée, 2018, livre en volume à poser, 6 pages, 40×23 cm. Technique-mixte, collage.

4. Être ou ParaîtreJeanne Bischoff, MAMCS, Musée d’Art Moderne et Contemporain de Strasbourg. Du 19 mars au 4 aout 2024.
Présentation d’une sélection de mes travaux et recherches réalisées à partir des numéros historiques de la revue La Mode Illustrée. (voir photos page exposition).

5. Fric-Frac, 2019. Livre à poser, technique mixte-collage.
Être ou ParaîtreJeanne Bischoff, MAMCS, Musée d’Art Moderne et Contemporain de Strasbourg. Du 19 mars au 4 aout 2024.
(Photo : Mathieu Berthola, Musées de Strasbourg).