J’ai découvert le travail de la Naturaliste Maria-Sibylla Merian (1647-1717) lors d’une rétrospective au Cabinet des estampes (Kupfertichkabinett) à Berlin en 2017. Ce qui m’avait marqué c’était la modernité de ses compositions, particulièrement ses Insekten in oldovalen, des petites aquarelles qui représentent, à l’intérieur d’un ovale doré les différentes étapes de la vie d’un insecte.
«…cette parenté avec l’illustration scientifique va trouver un prolongement dans la rencontre de Jeanne Bischoff avec l’œuvre entomologique de Maria-Sibylla Merian, découverte au détour d’un voyage berlinois. Le choc visuel est immédiat, la proximité d’âme évidente pour l’artiste qui ne sait pourtant rien encore de la démarche et de l’aventureuse biographie de la naturaliste.
Le travail de recensement des espèces de Merian, et plus spécifiquement ses compositions rassemblant en une même planche les différentes phases larvaires des papillons, se présente pour Jeanne Bischoff comme un écho idéal à la multiplicité des étapes préparatoires de son propre processus créatif.
Le projet d’« en faire quelque chose » va mûrir pendant deux ans, au fil desquels Jeanne Bischoff en apprend plus sur cette artiste – scientifique dans un compagnonnage, une sororité graphique qui va donner naissance à « Merian en cinq tableaux », livre pop-up magnifique qui explose de couleurs et de vie… »
Jeanne Bischoff, ou le grand œuvre bibliophile par Élise Canaple – Centre de l’illustration de la médiathèque André Malraux de Strasbourg , 2021.
2. Metamorphosis insectorum Surinamensium, Maria Sibylla Merian, 1705.
Le monde du vivant transparaît souvent inconsciemment dans mon travail, aussi bien dans le choix des formes que je vais utiliser, un peu comme des boutures, que dans mon observation du comportement des matériaux patrimoniaux auxquels je vais faire subir de multiples transformations cellulaires avec mon ordinateur (pour moi, l’équivalent d’un microscope ou d’un accélérateur de particules).
Je me sens, dans ma façon de travailler, comme Maria-Sybilla Merian, autant une scientifique qu’une artiste, la partie « recherche » dans mon travail étant une partie essentielle, centrale, et indissociable du travail final, même lorsque celui-ci est présenté au public